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La fin

Et voilà, c’est fait.

La dernière journée, celle clôturant l’année scolaire est terminée (beaucoup de termes se référant à la finalité, dans cette courte phrase).

Les élèves de 6e année ont tour à tour reçu leur diplôme, ont chacun serré la main de la directrice, embrassé leur professeur. Chacun d’eux a bénéficié de la présence de leurs parents, appareil-photos à la main, une larme à l’œil.

L’émotion était palpable; les enseignants qui disent « au revoir » à leurs élèves, ceux-là même qui fréquentent les salles de classe de l’école depuis 8, 9 ans, qui sillonnent les couloirs, en grandissant, en vieillissant au fil des secondes, des minutes, des heures, des années; les élèves se lancent dans le vide, dans cet espace où la vie bascule, où la vie change, où la vie, telle qu’ils l’ont connue, est terminée; les parents qui ont peine à croire que leur enfant a 12 ans. Déjà. « Comme la vie passe », qu’ils se disent. Ils se revoient, accroupis devant leur enfant, alors qu’il a 3, 4, 5 ans, et qu’il se dirige, avec son petit sac à dos (tout de même disproportionné) vers leur école, pour la toute première fois, et qu’il prend une petite pause pour faire un sourire maladroit ou encore, un sourire à faire éclater leurs joues, devant l’appareil-photos posé dans les mains de leur papa ou de leur maman. Et les voilà, avec ce même appareil-photos (ou peut-être pas. Peut-être qu’ils en ont acheté un plus performant, avec un meilleur zoom, plus de méga pixels, entre temps), à immortaliser le dernier jour. Le dernier jour d’un long périple, au cours duquel leur enfant a fait des apprentissages monstres, des pas de géants; il a appris à attaché ses lacets, à s’affirmer avec les mots plutôt qu’avec les gestes, à lire, à écrire, à compter jusqu’à 10, puis 40, puis 1000. Il a appris à patienter, à se faire des amis, à respecter les règles (mais pas toutes, quand même), à demander, à remercier, à négocier, à s’exprimer. Il a appris à devenir, tout doucement, un être unique. Il a appris à s’accepter, à s’aimer, à se questionner, à se comparer, à s’affirmer, à voir ses forces, ses limites. À les accepter.

Et les élèves de 1e à 5e année ont assisté à cette intensité, à cette émotivité. Ils y ont même pris part, parce que leur frère ou leur sœur arrive à bon port, pour prendre une petite pause, le temps d’un été, pour mieux repartir, pour mieux grandir. Parce que ce sera eux dans 1, ou 2, ou 5 ans.

Puis, la journée s’est déroulée dans l’excitation, dans l’émotion; dans les albums de finissants, à rédiger des mots d’appréciation, de promesses, de souhaits, d’au revoir. Dans les souvenirs que les enfants se remémorent et dans ceux qu’ils sont en train de construire. Dans ceux qu’ils se remémoreront dans 5, 10, 20 ans; peut-être quand eux-mêmes auront des enfants, des préadolescents de 12 ans, qui assisteront à leur dernière journée du primaire. Qu’ils auront, eux aussi, un appareil-photos à la main, bien différent de celui que possédait leurs parents, maintenant désuet. Et qu’ils se diront : « Moi aussi, je me rappelle de ma dernière journée au primaire… ».

-Stéphanie Deslauriers