Hé oui, c’est Noël!
Ça signifie, pour la grande majorité d’entre nous, des moments passés avec nos familles et nos amis; quelques jours de congé, de repos, de fêtes; du magasinage de cadeaux de Noël tardif et l’échange de ces dits cadeaux; des décorations, des lumières, un sapin, des guirlandes à ne plus finir et de la dinde, de la farce, de la tourtière à en avoir mal au ventre. C’est une période de l’année où la plupart des gens mettent leurs problèmes de côté, leurs différends aussi pour ne les reprendre qu’au passage de la nouvelle année.
Mais pour certains, leurs problèmes, leurs différends, sont si gros, si intenses, si envahissants qu’ils n’arrivent pas à les mettre de côté, même si ce n’est que pour quelques jours; les parents en crise, qui ont mis leur ado dehors, ne la reprendront peut-être pas sous prétexte que c’est Noël. L’itinérant, au coin de la rue, ne gagnera probablement pas le million ce soir, malgré « la magie de Noël ». Il n’aura probablement pas une place où dormir, une douche pour se laver, et de la bonne bouffe traditionnelle à engloutir. L’enfant mourant, à Ste-Justine, n’aura pas une trêve de maladie ce soir; il restera dans son lit, avec son respirateur artificiel, peut-être entouré de ses parents (je l’espère), déconfits, désabusés, qui croyaient donc qu’ils allaient se faire enterrer par leur enfant, et non pas le contraire. Et la prostituée qui attend sur Ste-Catherine qu’un client l’embarque n’aura probablement pas le droit à un beau moment d’intimité rempli d’amour et de tendresse parce que, 2010 ans de cela, l’enfant Jésus naissait dans une crèche. Et le monsieur qui est dans un centre pour personnes âgés, qui n’a pas d’enfants, qui n’a plus de femme, qui devient tout doucement sénile, n’aura pas plus de visite parce que c’est la période des fêtes. Et la plupart des enfants placés au Centre jeunesse dormiront au Centre jeunesse ce soir; parce que leur mère n’a pas arrêté de boire, parce que leur père n’a pas arrêté de les toucher à des endroits inappropriés, malgré la magie de Noël.
Alors, à tous ceux qui travaillent auprès de ces gens, le soir de Noël, je vous lève mon chapeau; aux intervenants de crise, aux intervenants de rue, aux infirmières, aux intervenants en centre d’hébergement de longue durée, aux intervenants au Centre jeunesse. Je sais que vous préfériez probablement être avec vos familles ce soir, mais dites-vous que vous avez le pouvoir d’embellir, ne serait-ce qu’un tout petit peu, la soirée de ces gens.
Et à tous ceux qui seront avec leur famille, ayez une petite pensée pour ces gens, qui souffrent, et pour ces gens, qui ont décidé, comme profession, qu’ils tenteraient de faire une différence dans leur vie.
Joyeux Noël à vous tous xxxx