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Devenir maman seule? Pourquoi pas? Histoire d’Ariane et Éliam

Je vous partage le témoignage émouvant d’Ariane Brunette, une collègue que j’ai rencontrée l’année dernière. Une femme attachante, la tête (et le ventre!) pleine de rêves…

Du plus jeune que je me souvienne, j’ai toujours su que j’aurais des enfants. Venant d’une famille nombreuse (2e d’une famille de 4 filles) j’ai vite été très maternelle avec mes 2 petites soeurs.

Ma mère m’a toujours dit que lorsque Catherine est née et qu’elles sont rentrées à la maison, du haut de mes 18 mois je lui ai caressé la tête, lorsqu’elle était dans son berceau et je l’ai tout de suite acceptée dans la famille! Je ne me souviens pas évidement d’avoir été seule avec ma grande soeur, qui avait presque 3 ans de plus que moi, à la naissance de Catherine.

Ensuite, quand j’étais en maternelle, ma mère nous a appris qu’on aurait une autre fille dans la famille!! J’étais vraiment heureuse!!! Sarah est née quand j’avais 6 ans. Je garde de très beaux moments de sa naissance et j’ai vite été très proche d’elle malgré les 6 ans qui nous séparaient. J’aimais beaucoup m’occuper d’elle, lui donner son biberon, l’observer, lui donner des bisous.

On a grandi mes soeurs et moi et à 10 ans et demi déjà j’allais garder les enfants des amies de mes parents. Et aussi je gardais mes p’tites soeurs. Disons qu’à l’adolescence c’était moins drôle, mais j’aimais quand même m’occuper de mes soeurs, préparer un gâteau pour le retour de mes parents, etc. Disons que j’ai été mature (j’ai eu mes règles à 10 ans et demi) et indépendante assez rapidement.

Avec l’argent du gardiennage, j’allais m’acheter des vêtements au Château et je déposais mon argent à la Banque aussi! J’étais très fière de pouvoir m’occuper de jeunes enfants et d’avoir un bon contact avec eux, malgré que j’étais moi-même une enfant pré-ado et ado. J’ai toujours su que je travaillerais avec les enfants plus tard. J’ai vite su que c’était ce qui me rendait heureuse. Ça n’a pas changé, je suis éducatrice en CPE (garderie avant) depuis que je suis âgée de 18 ans. Il y a maintenant 12 ans que je travaille au même CPE. C’est vraiment une vocation et les enfants me passionnent toujours autant.

À 18 ans, j’ai eu mon premier amoureux (il avait 23 ans). Nous avons été 3 ans ensemble, mais malheureusement, dès le début de notre relation, je savais que ce n’était pas l’homme de ma vie et que je ne désirais pas d’enfant avec lui. Ce fut une belle relation dans l’ensemble. Il m’a fait évoluer tout comme moi je l’ai fait cheminer dans la vie. Mais disons que tous les 2 étions des jeunes adultes assez tourmentés : nous vivions, chacun de notre bord, la séparation de nos parents. Au lieu de nous supporter dans nos souffrances, nous nous faisions plus de mal que de bien, alors je l’ai laissé en plein milieu de stage 2 de mon Bacc en Orthopédagie. Après une longue réflexion, c’était mieux pour moi.

Cependant, les années qui ont suivi n’ont pas été faciles : non acceptation de la séparation de mes parents, questionnement interne sur le choix de mon bacc (mais je l’ai fini!), travail au CPE en plus des études, pas mal sur le party (alcool et pot), bref j’ai vraiment brûlée la chandelle par les 2 bouts et je me suis retrouvée en psychose, à l’hôpital psychiatrique pendant 3 semaines… ouf le rétablissement n’a pas été facile, mais après 2 mois, je retournais au travail et j’ai fini mon bacc un an plus tard avec succès.

Un de mes désirs les plus grands étaient d’avoir un enfant, mais on s’entend que ce n’était pas le bon timing et je le savais! À 23ans, suite à ma psychose et mon hospitalisation, j’ai été diagnostiquée bipolaire par ma psychiatre (que je vois toujours, je l’adore) et ça m’a enlevée un énorme poids sur les épaules, car je savais qu’il y avait de quoi qui clochait chez moi et le diagnostic m’a soulagé, je savais maintenant ce que j’avais. J’ai donc pris du lithium on and off sur une période de moins de 10 ans (environ 5 ans médicamentée et 5 ans stable sans rien). Me voilà sans médication depuis avril 2012.

C’est à ce moment que j’ai pu passer tous les tests pour faire ma première insémination, qui a eu lieu le 12 avril 2012. Avec mes troubles de santé mentale, je n’avais pas vraiment le coeur et le goût de rencontrer des hommes. J’ai fréquenté des hommes, mais rien de très sérieux qui aurait pu mener à fonder une famille. Je me suis donc ramassée à 32 ans sans amoureux et mon désir d’avoir un bébé est devenu encore plus présent, alors j’ai fait le saut et j’ai commencé les démarches chez Procréa. Je ne savais pas trop dans quelle aventure je me lançais et surtout, je ne savais pas que j’arriverais à un résultat après un an d’essais! J’ai une très bonne amie à moi qui m’a épaulée dans toutes les démarches (elle était passée par la fertilité avec son chum, car ils avaient besoin d’un coup de pouce pour faire un bébé. Finalement, elle est tombée enceinte naturellement après quelques années d’essais). Elle comprenait les démarches que j’entreprenais pour les avoir vécues, mais la seule différence c’est que moi je faisais ce processus seule, avec un donneur inconnu. C’est certain que j’ai eu plusieurs réactions de ma famille et mes ami(e)s, mais en même temps ça faisait environ 5 ans que je me disais que je ferais les démarches si je ne rencontrais pas d’homme pour fonder une famille.

ArianeMa mère comprenait ma démarche, mais en même temps elle trouvait désolant que mon enfant n’aurait pas de père. Le fait que ma psychiatre m’accompagne dans cette décision sécurisait beaucoup mon entourage. Ce fut un rêve chéri depuis 10 ans. Tout s’est enchaîné : j’ai arrêté de fumer du pot, ensuite j’ai arrêté mon lithium et j’ai commencé les inséminations. Après 8 mois d’essais par insémination sans grossesse, mon médecin m’a dit on passe à la fécondation in vitro. j’ai pris 3 mois de pause, pour reposer mon corps et en mars 2013, je commençais le processus de fécondation in vitro, qui s’est échelonné sur 6 semaines. Et à ma grande surprise, après un long et difficile processus, j’ai appris que j’étais enceinte le 23 avril 2013!

Vous n’avez pas idée (en fait je crois que oui) comment ça changé ma vie du tout au tout. Alors, vous connaissez la suite, je me suis inscrite sur les Décembrettes et j’attends enfin mon beau Éliam d’amour tant désiré!!! Je sais que ça ne sera pas facile du tout avoir un enfant seule, mais je me sens vraiment zen fasse à cette décision et je suis très bien entourée (famille, ami(e)s) et surtout, je suis bien suivie par ma psychiatre et une travailleuse sociale sera à ma disposition en cas de crise, qui pourrait être déclenchée par la chute d’hormones. Je fais confiance à la vie et elle est si belle depuis que la vie grandit en moi. Éliam, mon fils ta maman t’attend impatiemment avec beaucoup d’amour à t’offrir et ce pour toute la vie. Merci la vie!!!!

-Ariane Brunette