J’ai le poteau de clôture fragile. Bah oui, que voulez-vous, c’est comme ça. Je suis une hypersensible, turbo-sensible, même. Ultra sensitive, réactive, sur le qui-vive.
Hypervigilante, hyperactive et anxieuse.
Même quand tout va bien, quand mon jardin est verdoyant, quand ma pelouse est en santé, que mon chez moi est à mon goût, que la température est, pour ainsi dire, parfaite, je pense à mon poteau de clôture qui commence à avoir un p’tit angle.
Une voisine mécontente, un délai d’attente qui se prolonge, la perception d’une irritation chez une tierce personne. Et tout le reste fout le camp.
Même si je SAIS que tout le reste va bien. Que tout le reste est impeccable, même. Mais le p’tit maudit de poteau me titille. Je ne vois que lui.
Le poteau de clôture, c’est une expression que j’ai librement emprunté à Martin Larocque, comédien et conférencier.
J’ai assisté à une de ses conférences dans le cadre des journées régionales du TDAH. Et il a parlé de cet homme qui était venu à lui, maugréant contre la vie. Martin a tenté de savoir ce qui n’allait pas. Sa relation avec sa femme, peut-être ? Non. La relation avec ses enfants ? Même pas. Son job ? Il l’adore. Mais il y avait un conflit avec un voisin concernant…un poteau de clôture.
Et j’ai compris que ce gars-là et moi, on avait beaucoup en commun. On tend à oublier que la vie va bien, quand un petit pépin se présente. Comme s’il n’y avait plus que ça dans le chemin. Comme si tout le reste s’écroulait, ou devenait moins beau, moins bien, moins important.
Depuis que j’ai assisté à sa conférence, chaque fois qu’il y a un petit irritant, je me répète que, au bout du compte, ce n’est qu’un poteau de clôture.