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Les petites choses

Dans les derniers mois, j’ai déchanté. J’ai vécu plusieurs stress, plusieurs événements plates « qui font partie de la vie »; la mort X2, la maladie, deux hospitalisations et des déceptions de toutes sortes.

Un déménagement entre deux hospitalisations – t’sais, je ne fais jamais rien à moitié – qui, malgré que ce soit pour améliorer la qualité de vie, a été intense et demeure un stress majeur dans une vie.

J’ai donc dû me recentrer sur l’essentiel, comme ça m’est arrivé à quelques reprises au cours des dernières années, en me reposant, en mangeant bien, en me déliant les jambes régulièrement, en tentant de me rappeler tous les jours à quel point je suis choyée d’avoir une famille et des amis sur qui compter. J’ai d’ailleurs entrepris, avec sérieux, de noter mes reconnaissances du jour chaque soir avant de me coucher, après que mon chum m’ait dit : « T’sais, Steph, il y a plein de belles choses, aussi, dans ta vie. Mais on dirait que tu l’oublies ».

IMG_20150614_143738Et il avait visé juste. J’oubliais que dans la journée, je m’étais sentie complètement détendue, en faisant l’étoile dans la piscine. Que j’avais eu un fou rire avec Poulet lorsqu’il avait lancé une de ses fameuses répliques hilarantes. Que je m’étais délectée en buvant mon milkshake au chocolat du Dairy Queen, lors de notre balade sur le bord de l’eau, à contempler les canards et les cannetons.

« Ben là, c’est niaiseux, ces petites choses-là! », lui ai-je répondu du fin fond de mon humeur noire (pour ne pas dire « de mar… ».). Et il a répliqué, avec justesse que non, que ce sont précisément ces petites choses qui font qu’on apprécie, ou non, la vie.

Alors, je me suis concentrée sur les petites choses, à défaut d’être satisfaite des « grandes choses » ou plutôt, de leur absence. Au début, je le faisais un peu à contre cœur, ne croyant pas trop aux effets positifs. Puis, tout doucement, ils se sont manifestés.

Parce qu’en fait, c’est précisément là, mon grand problème de la vie : mon manque de reconnaissance. Soit je ne réalise pas ce qui m’arrive, soit j’ai l’impression que c’est simplement le cours normal des choses, que c’était dû, voilà tout.

Alors que non. Chaque petite chose compte tellement.

À un moment, je me suis même dit que je devrais me trouver une job à temps plein et écrire quand j’aurai le temps, le dimanche matin. Alors que c’est ce que j’ai quitté, avant même de tout à fait le vivre, il y a de cela quatre ans. Quatre ans que je tente de me construire une vie professionnelle à mon image; éclectique, éclatée et intense.

Jusqu’à ce que je trouve que quatre ans, c’est long. Que je désespère, que j’essuie refus après refus, quand ce n’est carrément pas une absence de réponse, même pas un accusé de réception. Jusqu’à ce que je commence à croire les gens qui me disent que le monde des médias et de la littérature sont des mondes durs, contingentés et surpeuplés. Que c’est dur d’y gagner sa vie.

Jusqu’à ce que je me dise que ce que je veux obtenir dans ma vie professionnel aussi, est probablement inatteignable. Jusqu’à en arriver à diminuer mes rêves pour éviter d’être déçue.

Jusqu’à ce que je constate que je n’avais plus ce feu sacré en moi, celui qui me fait croire en tout, en moi, en la vie, malgré mes moments de peur. Jusqu’à ce que la peur prenne le dessus et dicte mes envies.

Mais j’ai continué d’écrire ce qui me faisait sourire chaque jour. Puis, tout doucement, après des semaines à me prêter à cet exercice, je recommence à croire. Parce que je suis plus réceptive aux petites choses, comme un sourire ou un « merci d’avoir écrit ce livre » (eh que c’est bon, de recevoir ce genre de messages! Vous n’avez même pas idée).

Parce qu’il est exactement là, mon problème : je n’arrive pas à prendre le temps d’être reconnaissante. Mais j’y travaille et ce, tous les jours ou plutôt, tous les soirs avant de me coucher.