La semaine dernière, j’échangeais avec une maman algérienne que j’apprécie particulièrement.
Nous parlions de la pyramide des besoins (besoins physiologiques, de sécurité, d’appartenance, d’estime et d’auto actualisation) et de leur ordre respectif (les besoins physiologiques dits « de base » doivent être comblés pour passer à la prochaine étape, et ainsi de suite). Puis, je lui ai nommé que, selon moi, le « besoin de base » était plutôt le besoin d’appartenance, qui englobe le besoin d’amour, d’amitié, de relation, de faire partie d’un groupe social.
Parce que oui, à la base, on a tous besoin de manger, de boire, de respirer et de dormir pour survivre. Mais pour vivre, c’est une autre paire de manches.
Je pense entre autre à l’étude effectué sur des bébés singes rhésus; ils ont accès à une maman de fer, qui donne du lait, et à une maman toute en poils, chaude, qui n’offre pas de lait. Eh bien, les bébés singes allaient se nourrir rapidement auprès de la maman de fer pour aller se lover contre la maman de poils, chaude, réconfortante. Certains bébés singes se sont même presque laissés mourir, puisqu’ils désiraient restés auprès de la maman de poils.
Et je pense aussi aux enfants, dans les orphelinats, en Chine, par exemple. Ces enfants qui ont été laissé à la naissance, avant même de pouvoir développer un lien d’attachement. Et qui sont placés en instituts, où les « bonnes » ont plus d’une trentaine de poupons à charge. On s’entend, pas le temps de se coller, de se cajoler, de s’aimer, bref. On les nourrit. On les change de couches. Allez, hop, hop, hop! Un travail à la chaîne. Et plus tard, une fois adoptés, ou pas, c’est selon, un certain nombre d’entre eux présentent des troubles de l’attachement; ils sont évitants, ne font pas confiance à l’adulte, ont de la difficulté dans l’établissement de relations, quelles qu’elles soient.
Ainsi, je lui illustrais ce propos et nous avons divagué vers la religion; ce besoin d’appartenance que nous avons tous, mais auquel nous ne répondons pas systématiquement. Pas que je sois croyante, qu’on se le dise. Mais je n’ignore pas le fait que les sociétés où le taux de suicide est le plus élevé sont les sociétés « athées », qui ont perdu un sens commun des valeurs et des croyances fondamentales, du moins. Et elle, me parlait de sa religion : musulmane. Et elle me disait que le mot « Islam » venait en fait du terme « Salam », qui signifie « paix ». Et qu’ainsi, leur religion est basée sur le principe de paix. Et qu’ils croient en Jésus, par exemple; qui a été le prophète pour les catholiques. Et qu’ainsi, l’Islam est une religion qui englobe toute les autres; une religion rassembleuse.
Et elle me nommait trouver difficile d’être la proie de racisme, et de croyances erronées du genre : « Tous les musulmans sont des terroristes ». Parce que les terroristes sont en fait les rebelles de l’Islam.
Comme si on nous désignait, les Québécois, comme étant tous des motards. Comme étant des agriculteurs de plants de « pot », de proxénètes, et j’en passe.
Alors qu’on parle ici d’une minorité de gens, qui deviennent le symbole suprême d’une population entière.
Et aujourd’hui, je parlais de cette conversation avec mon directeur de mémoire et on en est venu à parler des étiquettes. Il me disait : « C’est comme le fait que toi, tu paies plus cher d’assurances parce que les 18-24 ans sont statistiquement ceux qui font le plus d’accident. Même si toi, tu n’as jamais été impliquée dans aucun accident ». Ou encore, il me rapportait que, pour une femme prof qui a commencé en même temps que lui à enseigner, qui prendrait sa retraite exactement en même temps, elle recevrait moins d’argent dans son fond de pension. Parce que, statistiquement, les femmes vivent plus vieilles que les hommes. Et qu’ainsi, le même fond de pension est échelonné sur un plus grand nombre d’années.
Et que c’est pour la même raison que les homosexuels n’ont pas le droit de donner de sang; parce que statistiquement, il y a plus de gais porteurs et atteints du SIDA.
Et ce n’est pas sans me rappeler un cours que j’avais eu au cégep (ben oui, j’écoutais dans mes cours au cégep!) qui parlait des médias et des images qui y sont véhiculées. De la sorte, il y aurait davantage de nouvelles et ce, tant dans les journaux, à la radio et à la télévision, abordant des actes criminels qui impliquent des individus de race noire. Même s’il y a autant d’individus de race blanche, orange fluo et verte pâle qui commettent des actes criminels.
On nous dicte quoi penser, comment le penser sans nous expliquer pourquoi on devrait le penser. Et ainsi, la société nous suggère des étiquettes qu’on appose sur les groupes de gens ciblés. Parce que c’est un processus normal du cerveau que de vouloir organiser l’information pour créer un sens.
En découlent des préjugés, des biais perceptifs importants et totalement dommageables pour les individus qui en sont victimes, qui s’en insurgent et qui les véhiculent; les premiers en sont les proies, les seconds en sont les témoins et les derniers en sont les fervents croyants de ces préjugés qui sont complètement dans le champ, et qui s’empêche de développer de probables relations très riches avec les gens étiquetés.
Parce que, cette maman algérienne et moi en sommes venues à cette conclusion : malgré nos différences d’origines, de croyances et de religions, nous avons des valeurs semblables. Qui nous permettent des échanges enrichissants.
-Stéphanie Deslauriers