Voici la suite et la fin de l’entrevue que j’ai effectuée auprès d’une ancienne accompagnatrice de stage. Elle nous raconte ici sa réalité en tant que psychoéducatrice en cabinet privé. Elle nous parle de stéréotypes, de différences hommes-femmes et des principales causes de consultation.
Quelle est la clientèle que tu reçois principalement dans ton bureau?
Principalement, je reçois des adultes et de temps en temps, des adolescents. Ou encore, des parents qui viennent me voir pour leurs enfants. Selon l’âge de l’enfant, je le reçois ou non. S’il est tout petit, je préfère outiller les parents.
Qu’est-ce qui fait, selon toi, que les hommes sont moins portés que les femmes à consulter?
Dans ma pratique, je rencontre plus de femmes que d’hommes. Selon mon expérience, je ne peux pas en faire une généralité, mais je constate que les femmes vont plus loin que les hommes dans leur démarche en thérapie, bien qu’il y en ait qui en soient capables. Les femmes font tomber plus facilement leurs mécanismes de défense et se montrent plus près de leurs émotions que les hommes, sans doute car socialement et culturellement, c’est ce qui se passe aussi. Finalement, je suis une femme, alors forcément, cela doit avoir un impact dans le choix d’un professionnel.
Au niveau de l’expression de leurs émotions, les hommes y arrivent en mots. En effet, ils peuvent dire : « j’ai trouvé ça difficile » mais de là à l’exprimer en pleurant, c’est autre chose. J’ai remarqué que les femmes semblent moins en contact avec la colère; oser revendiquer ce à quoi elle a droit, oser s’affirmer, c’est plus difficile, socialement. Il y a des stéréotypes tant chez l’homme que chez la femme, mais cela tend à changer!
Remarques-tu une différence en ce qui a trait à la clientèle depuis que tu as commencé (âge, sexe, nature des problématiques)?
Non, je dirais que c’est assez stable. Ce qui motive principalement les gens à venir consulter, c’est leurs relations avec les autres, amoureuses ou non. Ils constatent qu’ils n’arrivent pas à s’engager; qu’ils ont toujours le même type de relation; qu’ils sont en relation mais qu’ils vivent une remise en question. Il peut arriver qu’ils aient des problèmes avec leur enfant et puis, de fil en aiguille, ils découvrent qu’avec leur conjoint ça ne fonctionne pas trop bien. Les gens que je vois ont pour la plupart 30, 40 ou 50 ans et ils réalisent, à ce stade de leur vie, que ça ne fonctionne pas dans leurs relations. J’en vois peu de 20 ans; il semble qu’à cet âge, ils ne savent pas trop que ça ne va pas. À 20 ans, on a plein de copains, on sort, on s’amuse, généralement. Il faut avoir eu des relations et qu’elles se soient terminées pour réaliser que quelque chose ne va pas, qu’on a un « pattern » qui se répète. Je crois qu’à 20 ans, on est beaucoup moins conscient, on a la vie devant soi et on n’a aucune idée de ce qui s’en vient.
Bénéficies-tu de soutien de la part des tes collègues?
En pratique privé, je travaille avec un psychologue. Au début, quand j’ai commencé il y a 10 ans, je ne considérais pas avoir tout ce qui était nécessaire pour travailler, alors que la personne qui me supervisait, et me supervise encore, voyait toutes ces forces en moi et m’a amenée à les voir aussi. En supervision, on parle de cas, d’hypothèses cliniques et cela me permet de prendre du recul et d’être plus outillée à la rencontre suivante, de me réajuster. Les supervisions m’aident, notamment à travailler sur les mécanismes de défense.
Voilà qui met fin à ma toute première trilogie “articale” (un autre mot de mon cru). Chaque expérience est unique; je pourrais interviewer tous les psychoéducateurs de la Terre (en fait, du Québec, parce que c’est le seul endroit où notre pratique est reconnue, mais bon) et obtenir des témoignages disparates. La personnes que nous sommes influe sur notre façon de faire, notre façon de percevoir l’autre, qui vient chercher de l’aide auprès de nous, peu importe sa raison, et influence à coup sûr l’expérience que nous vivons de l’intérieur en tant que psychoéducateur. Notre profession est riche, tant sur le plan personnel que professionnel. À nous d’en tirer nos propres bénéfices, nos propres conclusions…
-Stéphanie Deslauriers
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